Nous dormions à dix-huit dans un petit appartement Sans compter le shift de nuit qui retontissait à tout moment C'était un peu bancal et ça sentait l'arche de Noé Une ambiance amicale à faire chanter ohé-ohé
Y avait bébé gorille, patoche pis lulu-la-baquette Avec Marie-quatre-poches, chainsaw pis la fée Forniquette On faisait un peu dur, au moins autant que le plancher On se cordait mur à mur quand venait le temps de nous coucher
Faut dire que nous dormions sur un bon vieux tapis volant On avait des morpions, des chaudes-pisses pis ben du talent Mais on était heureux, pis y avait pas de sida dans l'air On n'était pas peureux, on était copulaire
On ne se levait jamais ben ben plus tard que midi et demi Fumions quelques pétards comme ça, joyeusement, entre amis Faision un petit miracle pour changer un cours d'eau en vin Et c'était la débâcle sous le tapis divin
Les oiseaux de malheur ne volaient pas assez haut pour nous On ne savait même pas l'heur, le temps nous passait en bas des genoux Quand on prenait un bain, c'est qu'on traversait un nuage Comme des chérubins, on ne portait pas notre âge
À chaque mois, on n'avait la visite du propriétaire C'est espèce de gros navet qui aurait pas dû sortir de terre De voir ainsi son trou transformé en joyeux bordel Nous trouvait tellement fous et tirait un coup d'aile
Y avait des trous d'ins murs pour laisser passer les esprits Dont les venteux murmures nous prévenaient des intempéries Quand y avait des trous d'air, nous demeurions sagement tapis Jusqu'à ce qu'on considère que c'étaient des trous dans le tapis
Alors nous retombâmes dans l'avide réalité Avec des trous dans l'âme, très loin de l'immortalité Abîmés en nous-mêmes dans une chute ininterrompue Devant nos faces de carême, le charme était rompu
Et puis ce fut la rue, chacun partit de son côté À tout jamais intrus dans toute forme de communauté Laissant nos utopies dans les mains du propriétaire Le cul sur le tapis et les pieds bien sur terreTeksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa.