Monsieur qui s'engraisse Du cou, de la fesse Et du porte-monnaie Qui parle et qui compte Précis comme une montre Sec comme un couperet
Lèse-majesté Vous vous irritez D' la moindre objection Nos vies sont des chiffres Et vos statistiques Ont toujours raison
Tout vous est facile Circuler en ville Changer de pays Vos bureaux sont frais Vos fauteuils épais Vos hommes soumis
Le monde est partout Le même pour vous Vu de votre hôtel On vous ouv' les portes Et l'on vous escorte Entre terre et ciel
Toi qui ne peux plus te baisser Quand tu as fait tomber tes clés Toi qui mourrais sans ascenseur Un jour, arrête-toi pour voir Un homme qui danse sur le trottoir Dans les bras d'un marteau-piqueur
Les vieilles à la fin du marché Qui mendient quelques fruits gâtés Et grattent aux pieds des étalages Et tous ces êtres sans regard Le matin à l'arrêt du car Et la blancheur de leur visage
Vous avez du chic L'art de la réplique Comme au cinéma Monsieur des affaires Et des ministères Monsieur de l'État
Pendant qu' vous parlez Que vous décidez Que nous laissons faire Y a des gens qui triment D'autres qu'on supprime Pour l' bien d' vos affaires
Toi, l'humaniste de bazar Qui aimes la nature et les arts Et te dis volontiers poète Chantes-tu nos vies gaspillées La laideur comme une marée Noires nos villes et nos têtes?
Les images pour l'évasion Tranquillisants, télévisions Et le désespoir qui menace Les instants d'amour et de joie Volés à l'horaire, à la loi Et en nous ce rire tenace
Dans vos voitures noires Cerclées de motards Vous ne voyez pas Le cordon de flics Qui aide le public À contenir sa joie
Des bruits vous parviennent Des rumeurs malsaines Des cris de colère Vite un beau discours Ça rassure toujours Et ça les fait taire
Toi qui parles comme un savant Toi dont le jeu est si brillant Qu'à t'entendre on fait des complexes Vois sur les murs, des phrases éclatent En grosses lettres maladroites, Télégrammes de la détresse
Tous les mots ne sont pas à toi Ils grimpent par dessus les toits Vagues de cris qui vont et viennent Et tous ces mots que tu ignores Que l'on invente avec son corps Et sa vie, sa vie quotidienne
Monsieur qui s'engraisse Du cou, de la fesse Et du porte-monnaie Qui parle et qui compte Précis comme une montre Sec comme un couperet
Pour reprendre la ligne Je n' sais pas l' régime Qu'on vous offrira Mais j' vous jure d'avance Qu'un d' ces jours vot' panse Elle dégonfleraTeksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa.