Je voudrais que tout s'arrêtât la du temps compte des hommes Je voudrais que cette vie s'en aille comme la mer s'en va la-bas Sur les épaules dénudées de ces rochers en robe de soirée Rien qu'un moment rien qu'un temps Juste le temps de leur laver le sel Et de leur prendre ces néons sur la place très haut Ces néons de notre vie mécanique A dix mille pour cent Et a tout ce que tu peux inventer pour leur faire la main Et leur couper les plombs Et les mettre dans l'ombre de notre amour en cas de besoin
Je voudrais être l'évangile de la nuit et de l'ennui En ces temps des pershings dans la province de Moscou En ces temps des signaux je n'ai qu'a vous faire signe Et vous n'en saurez rien car vous mourez des signes En ces temps de mathématiques supérieures Vous n'avez plus la mer Vous n'avez plus les grands oiseaux Vous n'avez plus les bonnes tempêtes Qui mettaient de la musique dans les cheminées Vous n'avez plus vos beaux amants qui inscrivaient l'amour Dans les cris de la nuit
En ces temps de catalepsie vous ne avez plus cette parole Qui vous est dictée du fond des esclavages Des rotatives Des antennes Des hauts-fourneaux Des records Quels qu'ils soient Et vint un mec d'outre-saison D'outre la-bas Et de la nuit des temps En des versets de vinaigre et d'épines de raisons glacées Il vous dit que les temps étaient venus D'une mise en question de vos morales essoufflées Il vous dit que ce temps dont on a tant parle Que cet enfer que vous portiez en vous Comme un noeud de vipère N'était qu'un paradis honteux et qu'un enfer policier
Il vous dit que les morales Ne s'habilleraient plus en confection Mais selon des schémas de fantaisie et de libre-service Il vous dit que l'amour n'était plus a reinventer mais a faire Que l'argent n'était plus a gagner mais a prendre Que la maladie n'était plus a dorloter mais a surprendre Dans ses moindres détails Il vous dit que les chemins de glace valent parfois Les routes fleuries des printemps diriges Chaque fin de semaine Chaque jour féerie Chaque minute déclarée sur la feuille des loisirs Chaque seconde retirée a votre entendement En ces temps des pershings dans la province de Moscou
En ces temps de la realite objective et misérable En ces temps du dépit inscrit dans les magazines Dans les yeux Dans les partis-pris Dans les oracles de radio Et vint un mec En cotte bleue qui portait avec lui Les miracles du boulon, de la bielle, des freins a disque Lisant la bible du chagrin il en avait note L'inexprimé Le non dit L'informule Les cheveux de l'horreur Quand souffle le vent des complaisances Les sourires du mouton sous la couverture fidèle Les parlers gutturaux des premiers hommes titubant Les larmes du bois dans les plaines de beauce L'orgueil du sang qui se verglace Dans les rigoles de la villette qui se souviennent Et qui s'inventent des artères En ces temps des pershings dans la province de Moscou Les chevaux ne mangeaient plus d'avoine Pas de sac a leur gueule d'acier Aucun piaffement Simplement le roulis d'une amicale suspension Et qui ronronnait a l'arrêt du relaie "Et foutez m'en vingt litres, monsieur l'aubergiste" Les chevaux parlaient mal Ils ne hennissaient plus Et vint un mec en simili Pour leur mettre des couvertures anti-gel Car il gelait très dur En ces temps des pershings dans la province de Moscou C'était l'hiver des grands hivers Et du nord des neurones "A long time ago" Comme aurait dit Homère avec l'accent ricain...
Et vint un mec d'outre la-bas D'outre saison Et de la nuit des temps Qui te tendit les bras
Regarde-toi dans moi Quand tu te regardes dans une glace Elle te voit la glace Tire tes cheveux un peu sur la droite Non pas sur ma droite Sur ta droite... La ou je vis La ou je meurs Il n'y a ni droite ni gauche Moi j'ai appris la droite et la gauche Ici Dans ta rue Dans tes aéroports Sur la mer quand on regarde loin La fenêtre de ta chambre ou de la mienne Le temps c'est mon ami on joue ensemble Je t'apprendrai si tu veux Tu as bien le temps Les nuits sont longues Et puis le temps c'est notre ami a tous les deux A tous les cent A tous les mille A tout ce qui essaie de respirer pour ne pas être en reste Devant la moisissure du bonheur et de la chance Je suis peut-être l'illusion Comme l'envers de nous Comme un sourire du déjà vu ou du déjà fait De la caresse et du silence a reverdir sans cesse Dans l'absolu de l'inédit Raconte-moi raconte-moi Chez nous on ne raconte jamais rien parce qu'on sait tout Parce qu'on ne peut pas se raconter Ou raconter demain ou dans dix jours Chez moi on dit "ici" ou "la" C'est glace mais c'est beau C'est le temps qui te trompe Ta montre fous-la en l'air Imagine... Imagine... Rien qu'une éternité au cent millième Et quelqu'un m'a dit aujourd'hui "L'univers c'est un autobus arrête et qui voyage "C'est un avion perche au-dessus de ton lit "C'est une envie de te laver dans le bleu de ma voix "Moi je suis d'un autre verbe et d'une autre grammaire" Je t'aime tu m'aimes ils s'aiment Je ne sais pas ce que cela veut dire Je suis d'une étoile perdue, fichue, éteinte Qui ne se souvient de rien Parce que les souvenirs chez nous C'est le présent qui s'ennuie Je détrousse des mecs au fond des mers luisantes Et ils deviennent des metamecs Au delà du mec
Quand les chevaux vapeurs des steamers imaginent Leurs sabots font alors un vacarme-benzine... Il n'y a plus de chef L'autorité pour nous C'est un pantalon qui sèche sur une tringle Tu n'as qu'a lui dire ça a ton chef Et si c'est toi le chef Tu peux toujours enfiler ton pantalon Et je t'apprendrai a le faire sans gêner les populations Aime-moi comme l'ombre dans ce pays trop lumineux Ou la lumière n'est plus un cadeau Mais une obsession vers l'ocre, vers le dédain des astres Comme l'eau quand tu crèves Comme l'or quand tu rêves Et le temps qui n'est pas... Ta montre c'est une horreur C'est ça qui fait les rides Ce qu'il y a de vrai dans toi c'est ce que tu imagines Comment tu te construis dans ta maison même Construite, dit-on, par un imbécile ou un marchand de sable Avec, en plus, un peu de ciment Et cette foret toute autour de toi Cette foret des maisons tristes? Hautes, étroites Ou traîne un peu le soir de ce chagrin des villes Que vous appelez des gratte-ciel Vous vivez avec des béquilles de ciment arme Fais attention, petit, quand tu traverses...
J'étais a New York ce matin Ça sentait mauvais dans les rues Et cinq minutes - cinq de tes minutes-âpres A San Francisco j'ai vu une enfant de quinze ans Qui se prenait pour la marée Et qui recouvrait tout autour d'elle Avec des coquillages impossibles a définir Tellement ils se confondaient avec les gens Avec les choses Avec les flics Les idées subversives Les maladies s'inventant des remèdes au coin des rues Qui n'en finissaient plus d'être des coins de rues Et puis, tu sais, au labrador je me suis baigne Las Heureux Et je pensais a toi A la lumière... La lumière... Tu aimes? Quel âge dit-on de toi? Tu as l'âge de ta pitié Nous sommes tous des enfants Tout est double dans l'autre, tu sais? Je t'imagine, comme toi Je te sais sans savoir Je te veux sans vouloir Et je te vois tout en couleurs et puis en nappes de jardins Comme toi se gonflant d'un désir germinal
La-bas... La-bas...si tu savais...
Des machines a écrire les paroles a l'envers Le négatif Le moins Dans le moins on est bien parce qu'on ne te voit pas Tout ce qui est en-dessous du zéro c'est fantastique Apprends a être moins Tu seras fort on te craindra Et puis ces plages toutes noires Comme des disques qui te racontent des musiques en allées Loin loin loin Avec la mer copine et qui te fait des révérences de vagues Et de chevaux hurleurs Casse les disques comme les montres Ce sont les agents du trouble Les fleurs sauvages? Regarde... Les renards argentés, la-bas qui se lamentent Comme tes enfances qui ont toujours des cheveux d'enfant Longs... Longs... Longs comme une vague Qui n'en finit pas de se rouler dans toi Des oiseaux? Des ciels mouilles de après la vie? D'après le sentiment? Des couleurs? Toutes celles que tu veux Je t'apporte ce soir toutes les couleurs de la vie Les couleurs de ta peine et celles de ta joie Celles de tes amis quand ils passent au rouge Comme celui du crépuscule seul dans les soirs de l'enfance Tu te souviens? Je t'aime dans tes bras Avec ces crépuscules et ton enfance en allée Les couleurs? Toutes celles que tu veux aussi Les ombres un peu verdies qui te font les yeux tendres Les caprices du temps dans le jaune des rides Les rides c'est les sculptures de la tendresse Ne sois pas tendre Tu ne veilleras plus La tendresse c'est le présent avec une grande barbe blanche L'amour est noir Vertèbre Adolescent, toujours...
Les araignées chez nous filent le charme Et le lendemain ou l'année d'après ou dans un siècle Ça dépend comment tu comptes Et comment et pourquoi ma galaxie a moi Ne compte pas comme la tienne Alors le lendemain Ou l'année d'après Ou dans un siècle Ou dans mille ans On prend ce charme et on s'y cache dedans Comme dans une voile pour partir en week end Ou en century end Century ça veut dire "siècle" Le plaisir c'est l'instant qui s'arrête Et qui te fait la courte échelle Un ascenseur qui te fait jouir Et le silence? Écoute... Écoute... Ce bruit de la mer Ces chiffres de la marée qui calcule tes songes Ces chevaux qui hennissent la-bas Écoute... Écoute... Les moutons aussi et cette laine blanche Qui se mêle a ce bleu qui remonte toujours Et le sable bientôt qui sera tout mouille Comme moi Je suis mouille parce que je viens de la mer Parce que je suis la mer aussi si tu veux Je suis la mer Sens-moi Sens... Sens... Imagine-moi imagine-moi Imagine-toi... Je t'aime oui et je te vois comme un orgue sur la mer Et je t'entends comme a l'église Avec des chevaux blancs du sperme de l'orage Les mêmes que tout a le heure Et le blanc des moutons c'est toi qui me reponds Et t'endormant sous moi tu mettras ton drapeau Comme un taxi fourbu retournant vers son chiffre Je te sais dans les bras d'un autre mannequin Qu'on regarde dans les vitrines Dis! Ils attendent la vie Tu crois que je me moque? Tu as faim? Tu as soif? Je suis la Je suis ton mannequin Tu peux y mesurer ton équilibre et ta santé... Oui, viens! Oui! Je suis la... Touche-moi... Allez, viens! Tu as peur? Si tu me touches j'arrive dans ta maison Je suis glace comme un sorbet aux violettes Mange-moi et je te glacerai aussi...
Je suis toi
Comment tu t'appelles? Dis? J'ai envie et besoin de t'appeler Quand je pars tout deviens négatif Et l'oubli aussi devient négatif Alors je n'ai plus le moyen de t'appeler Parce que la négation c'est un peu la chimie Chez nous ça rend tout vierge... On renaît chaque fois qu'on oublie Tu comprendras tout ça quand nous serons près de l'oubli Et dans les "moins" terribles... Tu verras... Quand il était dix-heures pour toi J'étais la-bas dans dix mille ans Et je t'appelais sans te nommer Je criais dans l'univers tout proche et je pensais "Je vais aller le voir... Je vais aller la voir..." Alors, comment tu t'appelles? Tu as dit?... Comment?... Je n'entends pas Parle plus fort... C'est ça, oui... Plus fort... J'ai mes oreilles de l'oubli qui ne sont pas encore remontées De leur détresse silencieuse Les algues dans le fond de ma mer a moi te font des tresses Mon avenir est dans ta voix quand tu m'appelles Mes amis de la-bas sont jaloux De ton rire De ta voix De ton sexe Je t'apporte des insectes au creux de ton attente Et ils chantent ils chantent beaucoup mieux Que ces cigales qui allument leur chant Dans le fond de ton geste Sous le soleil qui chauffe un peu trop pour ta flemme Pour ta joie Pour l'ivresse que tu lances partout Depuis que tu me vois
Je suis l'instant
Cet instant qui n'en finit jamais d'être l'instant béni Parfume Comme une cigarette cachée Tu en veux une? Donne-m'en une... Je suis partout Dans ta volonté Dans tes poumons Sur ton visage... La... Oui Accroche-toi a moi et tu ne pourras plus partir Ou bien tu partiras avec moi Je t'apporte l'enfant que tu portes avec toi Et tu le reconnais parce qu'il nous ressemble Je t'apporte l'amour que je porte dans moi Parce que c'est l'amour, simplement Et ça gueule Parce que l'amour ça gueule Ça fraîchit dans les nuits de l'attente Comme toi qui m'attends Ça gémit dans les bras de l'amour Et l'amour te rend vierge Parce que la virginité c'est dans la tête Et puis dans l'or de mes cernes bien ombres Sous mes yeux qui te glacent et t'emportent la-bas Sous mes yeux malheureux qui se souviennent Des hommes farouches Des tueurs au langage de fer Et qui plient sous les balles a leur tour Ils en prennent aussi près de leur négatif a eux Et on les oubliera Regarde Ils sont tout noirs Approche-toi... Viens... N'aie pas peur Habille-toi de moi Mes dentelles a mes yeux te regarderont mieux Tu plisseras comme les plis Sous l'angle droit que forme le mystère avec l'ennui Qui gagne? Devine! Mais c'est l'ennui, voyons! L'ennui toujours parce que l'ennui C'est le repos de la sagesse Et que des fois la sagesse c'est fatigant Amuse-toi Tu ne sais pas? Viens... Je t'apprendrai a rire Même devant la mort Qui est une vie racontée par des sages Tu vois bien que c'est fatigant, la sagesse... Imagine le bruit des vagues Comme le temps qui ourle un habit C'est la mer sous la table C'est la mer dans mes yeux Regarde... Je déferle sur toi Tu es mon roc et mon voilier Et puis le mouvement superbe qui t'emporte Allez, viens! Loin de ton syndicat, de tes problèmes de la ville Loin de l'autorité d'où qu'elle vienne L'autorité a horreur de la mer parce qu'elle s'y noie Ton père, ta mère, ton chef, ton capitaine Dis-leur que tu es la mer... Et tu verras
Ils te battront
Ils diront que tu es fou Ils diront que tu es folle L'imagination est une mer sans fond Imagine... Imagine... Nous étions moi et moi... Et qui? Nous marchions, le foulard a la gorge Le goudron de la rue effaçait tout, pardi!
L'intelligence insurrectionnelle...
L'insurrection, vas, c'est le devoir des mecs debout! Et tu dois leur repondre: "Debout!" Nous étions des millions et des meilleurs a nous chiffrer Et moi je suis parti parce que j'étais de trop Et maintenant... Plus rien! Peut-être une musique Quelque part Et jouée avec des percussions puisqu'il en faut... Pas vrai? Quelle horreur le tempo! Il fallait le mot juste derrière la musique Et ça urgeait Il y a toujours urgence a faire et a défaire N'oublie pas Le monde est un soulier toujours lace Alors... Défais, défais, défais!
Ça urgeait dans les coulisses de ce navire Accroche aux paves Tu te souviens? Nous sommes en mer Nous dérivons Tu dérives Je dérive Tu chavires Tu m'enivres O mon amour ancien déjà qui sent la rampe Comme quand on était petit Tu te souviens? Celle par ou je dévalais mon oeil vers mon oeil de secours Par ou je t'avalais Par ou je t'initiais aux salaires du ventre Et du ventre mouille Du ventre a essorer comme une éponge Et cette éponge c'est mon fils Et mon fils c'est peut-être toi A travers ce géant qui nous arrive Et qui bientôt nous cueillera comme des roses
Vint alors le printemps Comme une draperie Sur nos corps éblouisTeksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa.