Aussi gris maintenant qu’un vieux poteau télégraphique En bois, je me tords, me fendille et vais devenir sourd. Je n’entends déjà plus en moi le chant béatifique Qui fait bourdonner le béton même, comme d’amour.
C’était la musique du vent aux longs accords sévères Et je vibrais comme son juste et pur diapason ; N’était-ce pas aussi parfois la musique des sphères, La nuit sous le plectre lunaire et la démangeaison
Féroce des étoiles ? – Mais, en vérité : musique ? Alors que tout détone, éclate, improvise son jazz À travers la supernova, le trou noir aphasique, L’amas nébuleux où l’amour naît d’un excès des gaz ?
Qu’ai-je donc entendu, quand j’avais une bonne oreille, Monter dans mes fibres depuis la terre des talus ; Quelle monotone chanson mais sincère et pareille À celle que chuchote l’herbe et qu’on n’écoute plus ?
Arrêtez-vous quand même un peu, cons d’automobilistes Toujours pressés, posez la main un instant sur mon fût Et puis une joue à l’endroit où le bois resté lisse Tremble : voyez, si je suis sourd, je demeure à l’affût
De l’espace où mon fil souple encore qui se balance Mesure une montagne et pèse un nuage, un oiseau. Je vais m’enraciner à la longue dans le silence Mais reverdir peut-être à la prochaine floraison.Teksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa.