A Arles où roule le Rhône Dans l'atroce lumière de midi Un homme de phosphore et de sang Pousse une obsédante plainte Comme une femme qui fait son enfant Et le linge devient rouge Et l'homme s'enfuit en hurlant Pourchassé par le soleil Un soleil d'un jaune strident Au bordel tout près du Rhône L'homme arrive comme un roi mage Avec son absurde présent Il a le regard bleu et doux Le vrai regard lucide et fou De ceux qui donnent tout à la vie De ceux qui ne sont pas jaloux Et montre à la pauvre enfant Son oreille couchée dans le linge Et elle pleure sans rien comprendre
Songeant à de tristes présages Et regarde sans oser le prendre L'affreux et tendre coquillage Où les plaintes de l'amour mort Et les voix inhumaines de l'art Se mêlent aux murmures de la mer Et vont mourir sur le carrelage Dans la chambre où l'édredon rouge D'un rouge soudain éclatant Mélange ce rouge si rouge Au sang bien plus rouge encore De Vincent à demi mort Et sage comme l'image même De la misère et de l'amour
L'enfant nue toute seule sans âge Regarde le pauvre Vincent Foudroyé par son propre orage Qui s'écroule sur le carreau Couché dans son plus beau tableau Et l'orage s'en va calmé indifférent En roulant devant lui ses grands tonneaux de sang L'éblouissant orage du génie de Vincent Et Vincent reste là dormant rêvant râlant Et le soleil au-dessus du bordel Comme une orange folle dans un désert sans nom Le soleil sur Arles En hurlant tourne en rondTeksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa.