Dessus mon chevalet, La toile j'ai posé, Et puis j'ai commencé, Au crayon noir, à faire l'esquisse D'un compagnon des champs, D'un oiseau de beau temps, Rien qu'un chardonneret. Mais, bien que beau, il était triste.
Je me suis demandé Qu'est-ce qui peut lui manquer? C'est là que j'ai pensé Que sans le ciel, il ne peut vivre. Le bleu de mon pinceau Fit autour de l'oiseau, Un ciel où le soleil tant chavirait Qu'il semblait ivre. Il a un peu volé Il a un peu chanté, Mais bien qu'il fasse beau, Je voyais bien qu'il était triste.
Il ne peut pas voler Sans jamais s'arrêter, Et s'il veut se poser Il n'y a rien, ni pré, ni arbre. J'aurais dû y penser Avant de le créer. Je me suis rattrapé, J'ai fait des fleurs, j'ai fait des arbres Je lui fis un ruisseau Pour qu'il en boive l'eau. C'est quand je fis un nid Que je le vis encore plus triste.
C'est à la nuit tombée, Quand je l'ai vu couché Si petit, dans son nid, Un nid si grand qu'il semblait vide, Que j'ai pris mon pinceau, Le plus fin, le plus beau, Et que, tout contre lui, J'ai dessiné, en faisant vite, Afin qu'il n'ait plus froid, Pour qu'il ne s'ennuie pas, Une belle compagne. Il était gai, mais j'étais triste.
Le tableau achevé, J'ai pensé qu'il fallait, Avant de me coucher, Pour l'embellir y mettre un cadre. Quand le jour s'est levé Dessus mon chevalet, Mes deux chardonnerets Avaient quitté mon paysage, Leur cage Teksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa. |
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