Droit devant, le fleuve s’étend Dans le rien, dans un souvenir, Une simple impression de douce vogue Vers l’éternité grise.
Ces confins de ténèbres marines Si inconnus, si vastes, Le nébuleux sentiment de ne pas y avoir sa place Atteignant même les plus forts soldats qui osent Y mettre à l’épreuve leur volonté Ou y embrasser leur salut.
Ainsi chavira notre vaisseau, Les voiles recouvertes de givre, La coque trouée par notre avidité. Nous sommes maintenant immergés Dans les profondeurs glacées et noires Des abysses mouillées.
Mes yeux refusent de se fermer Devant ce magnifique spectacle de mort, Ces couleurs invisibles se débattant devant moi Telles des bêtes sauvages en cage ferrée.
Je réussis de peine et de misère A discerner mon âme me quittant Pour rejoindre celles de la surface. Me ficelant à son cou, Sa fuite devenait vaine.
L’eau se mit à bouillir tellement elle était froide. Une ombre s’avançait dans la noirceur ; M’effleurant le visage, un œil de la taille d’un soleil. Il me regardait en même temps que tout le reste, Mais me choisit, moi, seul au fond des mers. J’étais l’élu, celui qui allait périr enfin, Celui qui était las d’avaler la mer par galons.
À l’instant où me perce un pieux gigantesque, Je ne puis m’empêcher de rire car Je suis gratifié d’une mort délicieusement grandiose Et l’eau est si froide que je ne sens plus la douleur.Teksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa.