Sur une histoire onirique je me réveille un matin Tout droit revenant d'Afrique où j'avais changé de teint Je vivais en esclavage avec les miens, ne riez pas Sous le joug de sauvages qu'on appelle négriers
Aux nôtres ils nous ravirent tout ça pour nous emporter Enchaînés sur un navire voguant vers la liberté Et lorsqu'ils nous installèrent dans leurs cales de malheur Je n'vous dis pas la galère, la gadoue et la douleur
L'air marin creusait nos mines, nous mettait en appétit De sorte que la famine gagnait petit à petit Le voyage en d'autres termes n'était pas de tout repos Bien de frères d'épiderme devaient y laisser leur peau
Et pour ceux qui survécurent, la fin de la traversée Loin d'être une sinécure, au contraire allait gercer Les corps devenus étiques desséchaient incontinent Et devenaient squelettiques sur le nouveau continent
Car nous restions en carafe à leur cueillir le café Faut bien peigner la girafe quand on n'est pas né coiffé Par goût anthropométrique tous les matins un maton Nous matraque à coup de trique, nous fait tâter du bâton
Remarquez, s'il nous esquintent c'est pour mieux nous éduquer Les coups sur la coloquinte afin de nous inculquer De rester à leur service ils vont jusqu'à se blanchir En fait, s'ils nous asservissent c'est pour mieux nous affranchir
Fatigué qu'on me chahute, qu'on me passe au laminoir Comme un diable de ma hutte je sors leur brailler du noir Puis sur tant d'ingratitude j'allais déverser mes pleurs J'en ai, pauvre négritude, vu de toutes les couleurs
J'aurais pu, dans la savane africaine, j'aurai pu Naître nègre ou bien havane, cambrée aux cheveux crépus Pourtant il était écrit que je naisse blanche, mais au fond J'aurais pu naître en Afrique et jouer du balafon.Teksty umieszczone na naszej stronie są własnością wytwórni, wykonawców, osób mających do nich prawa.